Кафедра и трон. Переписка императора Александра I и профессора Г. Ф. Паррота

Андрей Андреев
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Аннотация: Профессор физики Дерптского университета Георг Фридрих Паррот (1767–1852) вошел в историю не только как ученый, но и как собеседник и друг императора Александра I. Их переписка – редкий пример доверительной дружбы между самодержавным правителем и его подданным, искренне заинтересованным в прогрессивных изменениях в стране. Александр I в ответ на безграничную преданность доверял Парроту важные государственные тайны – например, делился своим намерением даровать России конституцию или обсуждал участь обвиненного в измене Сперанского. Книга историка А. Андреева впервые вводит в научный оборот сохранившиеся тексты свыше 200 писем, переведенных на русский язык, с подробными комментариями и аннотированными указателями. Публикация писем предваряется большим историческим исследованием, посвященным отношениям Александра I и Паррота, а также полной загадок судьбе их переписки, которая позволяет по-новому взглянуть на историю России начала XIX века. Андрей Андреев – доктор исторических наук, профессор кафедры истории России XIX века – начала XX века исторического факультета МГУ имени М. В. Ломоносова.

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6. G. F. Parrot à Alexandre IER

Précis des événements qui ont eu lieu à l’occasion de l’émeute des paysans d’une partie du cercle de Wolmar en octobre 1802

[Saint-Pétersbourg, 26 octobre 1802]1

S. M. I. avait ordonné par Ukase que les livraisons faites à la Couronne par les paysans de la Livonie2, et dont le prix, selon la base suédoise, évalué à 10 Rbl. 4 Cop. par Haken, se décrochissait du montant de la capitation, seraient abolies et que le paysan paierait la capitation en entier.

La régence du gouvernement de Riga, au lieu de publier cet Ukase gracieux purement et simplement, en restreint l’usage illimité aux terres de la Couronne et aux terres de particuliers où le paysan payait lui-même sa capitation, enjoignant que, pour les terres où le paysan ne paie pas lui-même sa capitation, mais la laisse payer au seigneur en le dédommageant par les livraisons, la chose reste sur l’ancien pied, et que le paysan fournisse au seigneur les livraisons en acquit de sa capitation que celui-ci prend sur soi de continuer à payer. Il existait de plus des terres où le seigneur outre les livraisons se faisait rembourser par journées de travail à un prix cruellement modique ce qu’il payait de capitation pour le paysan. Ces terres sont par l’ordonnance de la Régence dispensées comme les premières des livraisons au seigneur, mais forcées de le rembourser en journées de travail sur le faux onéreux accoutumé3.

Cette inégalité de droits, qui blessait la majeure partie des paysans de la province, eut un effet doublement pernicieux. D’abord quantité de propriétaires qui ne se trouvaient pas dans les cas exceptés, voulurent y mettre; presque tous voulurent payer la capitation de leurs paysans et l’ordonnance leur en fournit elle-même les moyens, puisqu’elle ne permet pas que toute la commune intéressée soit consultée là-dessus, mais seulement le pasteur, quelques chefs de métairie et l’inspecteur à la solde du seigneur. D’un autre côté le grand nombre des cultivateurs voyant qu’il y a du louche dans cette ordonnance et n’ayant d’ailleurs que peu ou point de confiance dans la Régence et dans les tribunaux de la province, finit par se persuader que cette ordonnance était falsifiée et que ce qu’on leur publiait n’était qu’un masque qui cachait des intentions bien plus bienfaisantes de Monarque, et comme l’enthousiasme se mêle ordinairement de ces affaires, le paysan finit par se persuader qu’il était question de lui rendre sa liberté, et regarda les menaces de dix paires de verges dont on accompagne ici la publication de l’Ukase comme la preuve évidente que la Régence avait un intérêt marqué à le retenir dans l’ignorance. C’est ainsi qu’en semant la défiance dans les cœurs des cultivateurs, en substituant ses propres idées à celle du Monarque, en parlant de punitions où Il parlait de grâces, on est parvenu à allumer le flambeau de la guerre chez un peuple timide et esclave.

L’acte original dressé par le tribunal qui a décidé dans cette affaire, fournit, , les faits suivants qu’il suffit de présenter tels que l’acte les offre, malgré la partialité ouverte qu’on retrouve dans tout le style de cet acte (les mots soulignés sont traduits mot à mot du protocole allemand), pour faire voir que l’on n’a rien fait de ce qu’il fallait pour rétablir la confiance et que le paysan s’est conduit avec bien plus de modération que ses juges.

Plusieurs terres aux environs de Wolmar étaient le théâtre des dissensions. Le paysan refusait de payer ses redevances au seigneur en travail et en denrées. Voilà ce que l’on a appelé une révolte, comme si un sujet quelconque pouvait se rendre coupable de ce crime contre des particuliers!

Le 5 Octobre 1802 le tribunal de province reçut l’ordre de mettre fin à ces désordres, et l’on commence par faire marcher des troupes. Le 7 le tribunal arrive à Kaugershof, qui devint dès lors le lieu de la scène. Le lendemain le tribunal commence l’examen de l’affaire des paysans. Tout ce jour là tout fut tranquille, point d’attroupements. Quelques paysans d’une terre voisine se glissent cependant dans la chambre où le tribunal tenait sa séance. On leur lit la publication qui leur défendait de paraître. . Première mesure contraire au but que l’on devait se proposer de rétablir la confiance!

Pour s’assurer de plusieurs coupables (on ne dit pas de quoi) on les enferme et les fait garder par des sentinelles militaires. Le lendemain à 8 heures du matin paraissent les premiers attroupements armés de bâtons, de perches et de quelques fusils. Le militaire était déjà rangé. Les paysans demandent l’élargissement de leurs camarades. Le tribunal s’avance à eux les exhorter à être tranquilles, . Là-dessus quelques-uns d’eux s’avancent hors de la multitude, le chapeau sur la tête, les bâtons levés, . (Quel moment intéressant! Combien de périodes à distinguer dans ce peu de lignes! Que d’instants perdus pour la cause de l’humanité!) Au lieu de cela on fait parade du vœu du Monarque. Les paysans répondent que les juges et le militaire sont gagnés par les seigneurs, qu’ils veulent avoir des juges et des soldats de Pétersbourg qui leur donnent le vrai Ukase de l’Empereur, que ce qu’on leur a publié n’est pas la volonté du souverain qui veut leur accorder la liberté comme à ceux des environs de Pétersbourg, enfin qu’ils veulent obéir, mais uniquement aux ordres de l’Empereur. La foule conforme ces déclarations par signes et cris. On entendit même dire: «Pourquoi parler si longtemps. Assommez le vieux juge».

Cependant les pourparlers durent encore; enfin le tribunal croyant ne pouvoir faire entendre raison à la multitude . Les paysans répondent par des bravades qui firent assez d’effet sur les juges pour que malgré leur envie d’en venir d’abord aux mains avec les paysans, ils conservèrent assez de sang froid pour sentir que, vu le nombre des ennemis et le désavantage du terrain, ils auraient le dessous.

engagèrent les juges à temporiser avec les paysans jusqu’à l’arrivée d’un renfort d’artillerie volante qu’on mande à la hâte de Wenden. Cependant la multitude augmentait pendant la journée au point que sur le soir il y avait près de 3000 paysans attroupés; pour plus de sûreté on fit venir de Ronnebourg un détachement de dragons de plusieurs compagnies, et on ferma les passages sur l’Aa.

À ces pourparlers succède un long calme, puis de nouveaux mouvements; les paysans demandent à grands cris l’élargissement de leurs camarades. Les juges se mettent en marche vers la foule, et remontrent le Lieutenant Nottbeck amener deux députés des paysans, qui demandent à leur parler. Ils promettent au nom de l’attroupement de se retirer pourvu qu’on veuille relâcher leurs camarades. On leur refuse. Alors ils demandent que le prince Golitzin se rende sur les lieux, pour qu’ils puissent lui parler. (Qui ne voit ici le besoin que ces malheureux sentaient de placer leur confiance en quelqu’un qui ne fut pas intéressé à leur nuire? Et n’y avait-il pas de la barbarie à leur refuser ce que tant de vexations leur donnaient un droit de demander?) . Ce peut-être suffit déjà pour les calmer. Ils promettent d’être tranquilles en déclarant cependant qu’ils resteront en place jusqu’à son arrivée. Ils tiennent parole, malgré le rapport que fit un soldat qui prétendait avoir ouï dire qu’ils attaqueraient les troupes dans la nuit.

. L’artillerie et les artilleurs mandés de Wenden arrivent, de même qu’un nouveau détachement de 403 Soldats du 3e bataillon d’artillerie, armés de sabres et de bâtons.

Le lendemain matin, le 10, la foule paraît inquiète et disposée à l’attaque. Le tribunal s’y transporte, essaie en vain de la disposer à l’obéissance, et demande qu’on livre des chefs (de quel droit, puisqu’il existait de la veille un traité qui devait durer jusqu’à l’arrivée du Gouverneur général?). Les paysans n’ont pas la lâcheté de les livrer (ils sont encore persuadés de la justice de leur cause). Le tribunal envoie un détachement de soldats pour les saisir, s’en rapportant pour cette expédition à la seule sagacité du soldat. Le détachement est repoussé. , le juge ordonne à six grenadiers de faire feu sur les . Cela ne faisant pas d’effet on fait tirer par 6 grenadiers de plus. Le temps coule: deux hommes tombent. La foule avance. On tire un coup de canon, plusieurs hommes tombent; la foule avance encore. On tire un second coup; la foule commence à se retirer et à se tenir coi. On renouvelle les pourparlers, mais les paysans déclarent . Cependant ils se retirent et disparaissent entièrement. Le champ de bataille offre 4 tués et 17 blessés dont 6 meurent le lendemain (le protocole ne dit pas combien il en mourut ensuite). Les morts furent enfouis (verscharrt) sur les lieux.

Cependant l’ardent juge croit n’avoir pas assez de victimes. Il se dispose à poursuivre la foule dans les bois et n’attend pour cette nouvelle expédition qu’un renfort de dragons qu’il a déjà mandé. Les dragons arrivent dans la nuit et ne trouvent heureusement plus de paysans à massacrer.

L’après-dîner de cette journée déplorable l’écurie à vaches du seigneur est incendiée, et le juge, par la seule raison des progrès rapides de l’incendie, en rejette la faute sur les , sans pouvoir trouver le coupable. (Où l’aurait-t-il trouvé? La foule était dispersée, les troupes environnaient les bâtiments du seigneur. Et quelle prouve que celle de la rapidité de l’incendie? J’ai sur le lieu des consultations vu une écurie à vaches, longue de 85 toises réduite en cendres d’un coup de foudre dans moins d’une demie heure, malgré tous nos efforts pour la sauver, pendant une pluie que inonde les environs au point de crever une digue qui serait déchaussée).

Le 11 le tribunal termine son inquisition contre les prisonniers. , mais qu’ils . Et cependant on les punit publiquement de coups de verges en présence du militaire sur le champ de bataille. Et ces mêmes hommes promettent à genoux

(Voilà la nation à qui l’on annonce les bienfaits du monarque à coups de fouet, à qui les explique à coups de canon).

Le 12e de nouvelle artillerie arrive, de même qu’un détachement de cosaques. Le tribunal se rend à une terre voisine à la prière du seigneur. Les paysans s’y rendent d’eux-mêmes et comparaissent. Ils témoignent du repenti, demandent pardon promettant obéissance, et le seigneur a la générosité de leur pardonner.

Les cosaques amènent 4 chefs de rebelles. Ils déclarent que l’ukase publié est fausse, que les juges et le militaire sont corrompus par les seigneurs et qu’ils ne veulent se soumettre qu’à l’Empereur. Ces 4 chefs sont amenés à Riga pour y être punis exemplairement, et malgré l’amnistie accordée, on inflige à 9 paysans de coups de verges en présence de toute la commune assemblée4.

Pour joindre le ridicule à la barbarie, le juge fait déclarer aux paysans révoltés et soumis qu’ils n’ont point à se plaindre de leurs maîtres et prenant l’air d’un Bonaparte il les officiers qui se sont distingués dans cette importante expédition.


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